Change can be brutal when we fearfully resist - Eleanor Fawley

Eleanor, c'est la douceur incarnée, elle veut que tout le monde aille bien, tout le temps. Certains pourraient appeler ça de la naïveté, mais ils auraient tort. Eleanor a toujours eu conscience que le monde extérieur n'est pas tout rose, et c'est probablement aussi ce fait-là qui la motive à vouloir faire le bien autour d'elle. Eleanor, c'est aussi une personne passionnée et curieuse. Elle a toujours été passionnée par la magie, et elle avait très rapidement pris tous les livres possibles et imaginables dans la bibliothèque de ses parents pour en apprendre le plus possible sur ce domaine qui à ses yeux, était absolument extraordinaire. Une fois arrivée à Poudlard, elle avait pris la bibliothèque et les salles de classe d'assaut, mais aucun domaine ne semblait être suffisant pour calmer ses ardeurs. Jusqu'au moment où elle était tombée sur un grimoire bien trop poussiéreux à son goût sur l'artisanat, et plus particulièrement la création des baguettes magiques. Que demander de plus pour une personne fascinée par la magie que les bases d'un des outils principaux des sorciers ? Il n'y a pas mieux.

Eleanor a toujours eu tendance à être timide, mais elle a vite essayé de prendre sur elle histoire de pouvoir profiter de son expérience à Poudlard. Et puis, comment pourrait-elle aider les autres si elle restait dans son coin ? Ce serait impossible, ou à minima bien plus difficile. Mais ses amis se comptent sur les doigts de ses mains. Elle n'aime pas l'idée d'être entourée par trop de personnes, elle se dit que ça sonnerait automatiquement faux, que personne ne pourrait avoir autant d'amis. Alors elle préfère rester avec les personnes avec qui elle a de vrais liens. L'amitié est d'ailleurs le seul domaine dans lequel Eleanor peut avoir le sang chaud. Elle veut protéger les autres coûte que coûte, mais si quelqu'un la froisse un peu trop, elle ne pardonnera pas, ou alors vraiment pas facilement. Les disputes, ça arrive, bien sûr. Mais ça ne justifie pas tout.

Et l'amour, dans tout ça ? Eleanor ne l'a jamais connu. Elle a déjà intéressée par différentes personnes évidemment, toutes des filles, mais ça n'a jamais fonctionne, en grande partie parce qu'elle n'a jamais été fichue de faire le premier pas. Autant, elle prend sur elle pour faire face à sa timidité quand il est question d'amitié, mais alors d'amour ? Et puis, comment pourrait-elle deviner que LA fille par qui elle est intéressée est elle aussi intéressée par les filles ?

Edmound et Judith Fawley, c'est la représentation parfaite de l'amour des comtes de fée qui peuvent être lus aux enfants. Ils se sont rencontrés à Poudlard, tous les deux de la même année mais dans des maisons différentes : Poufsouffle pour Judith, Serpentard pour Edmound. Ils se sont mis ensemble pendant leurs études supérieures et ne se sont jamais lâchés par la suite. A peine sortis de Poudlard, c'était le mariage et deux ans après, Alicia Fawley voyait le jour, suivie de deux ans par sa petite soeur, Eleanor. La famille Fawley était à présent complète.

Les deux filles Fawley avaient été éduquées en apprenant bien rapidement l'existence du monde magique, leurs deux parents étant absolument persuadés qu'elles seraient toutes les deux des sorcières. Pour Alicia, la nouvelle ne lui avait fait ni chaud ni froid. L'idée de l'existence de la magie lui plaisait, mais sans plus. Pour Eleanor, c'était tout l'inverse, ses parents avaient même dû dissimuler une bonne partie de leurs livres, histoire que la petite El' ne tombe pas sur des sujets trop sensibles alors qu'elle était trop jeune. Mais ça ne l'avait pas empêché de passer un temps fou dans la bibliothèque de la maison des Fawley, à parcourir l'intégralité des livres auxquels elle avait accès malgré son jeune âge. Il était très fréquent pour elle de demander à ses parents de faire de la magie, s'extasiant même devant les sortilèges les plus simples comme Accio. Elle était aussi bien jeune quand elle avait appris l'existence des différents statuts sanguins, apprenant par la même occasion qu'elle était ce que l'on appelait plus communément une Sang-Pure. Mais pour le coup, cette nouvelle ne lui avait fait chaud ni froid. Ok, l'apparition de ses pouvoirs ne serait pas une surprise, mais et alors ? Dans tous les cas, tous les sorciers pouvaient bien faire de la magie non ? Et ça peu importe leurs origines, ou à minima c'est ce qu'elle avait vite pensé, et c'est ce que ses parents pensaient aussi. Apparemment qu'une autre branche de la famille Fawley portait bien plus d'importance au statut sanguin de leurs proches, mais ce n'était pas le cas de cette branche. Le fait qu'Edmound ait épousé une Sang-Pure n'était qu'une coïncidence. Dans le principe, même si Judith avait été une Née-Moldue, ils auraient fini ensemble dans tous les cas, leurs caractères respectifs étant ce qui les avaient attirés l'un vers l'autre.

Quand les pouvoirs d'Alicia avaient pointé le bout de leur nez, la jeune femme avait 9 ans, et Eleanor en avait 7. Sans grande surprise, la plus jeune avait été bien plus excitée que son aîné qui, même si elle avait été heureuse, n'avait pas voulu en faire toute une histoire. Ok, elle était une sorcière ,et donc ? C'était prévisible, dans tous les cas. Mais Eleanor avait vu ça comme une preuve que ce serait bientôt son tour, et elle avait été encore plus impatiente. Le plus dur pour elle avait été quand sa soeur avait quitté la maison familiale pour rejoindre Poudlard. Toutes les deux étaient inséparables, peu importe à quel point elles étaient complètement différentes. L'aînée était bien plus extravertie que sa soeur, préférant passer des heures avec ses amis plutôt que de les passer dans les livres. Elle était pressé d'apprendre à voler sur un balai, alors qu'Eleanor était pressée de découvrir la fameuse grande bibliothèque du château. Mais toutes ces différences, que ce soit au niveau de leurs goûts ou de leurs caractères, ne changeaient rien au fait qu'elles étaient inséparables. Eleanor était toujours prête à quitter ses livres pour passer du temps avec sa soeur, tout comme Alicia était prête de rester à la maison familiale pour rester avec sa cadette. Alors quand elles avaient été séparées par le départ d'Alicia pour l'école de magie, leurs deux coeurs s'étaient brisés. Eleanor avait pleuré, beaucoup. Ses parents avaient fait tout ce qu'ils pouvaient pour lui remonter le moral, lui laissant accès à plus de grimoires du haut de ses 9 ans, mais rien n'avait suffit. Mais tout avait changé un peu plus de deux mois plus tard, quand ses pouvoirs avaient enfin pointé le bout de leur nez. Par cette simple apparition de pouvoir, le contenu du verre de lait qu'elle avait renversé de ruiner les pages du grimoire qu'elle lisait, elle avait eu confirmation qu'elle faisait partie du même monde que le reste de sa famille. Et aussi, elle avait confirmation que deux ans plus tard, elle pourrait rejoindre sa soeur. Alors évidemment, Eleanor avait demandé à être celle qui écrirait la prochaine lettre destinée à sa soeur, des étoiles dans ses yeux à l'idée de la réaction de la nouvelle verte et argent.

Les deux années la séparant de sa rentrée à Poudlard étaient passées lentement, les vacances avec sa soeur étant les seules périodes qui passaient justement bien trop vite. Mais le 1er Septembre 2014 était enfin arrivé, et la jeune Fawley était montée dans le Poudlard Express accompagnée de sa grande soeur. Elle avait rapidement trouvé un wagon dans lequel d'autres premières années étaient et elle avait demandé à leur tenir compagnie. Là où Eleanor avait toujours été timide, elle avait décidé de prendre sur elle et de faire en sorte de rencontrer d'autres personnes. Toutes les histoires racontées par sa soeur lui avaient mis des étoiles dans les yeux et elle avait vraiment voulu vivre des choses similaires, mais elle savait qu'il serait nécessaire pour elle de rencontrer d'autres personnes. Alors elle avait passé tout le trajet en train à discuter avec les autres élèves, en apprenant plus sur leurs origines, leurs idées de Poudlard, la maison dans laquelle ils pensaient être répartis. Pour Eleanor, c'était évident, elle rejoindrait les Serdaigles. Elle se trompait peut-être, mais elle estimait que sa curiosité, sa sagesse -d'après ses parents- et tout ce qui se rapprochait d'une forme d'intelligence lui permettraient de rentrer dans cette maison. Alors oui, ça signifierait qu'elle ne serait pas avec sa soeur, mais franchement, elle n'avait jamais eu le moindre doute sur le fait de ne pas appartenir à la maison des Serpentards, et elle avait eu raison. Il n'avait fallu qu'une ou deux secondes pour que le Choixpeau, posé sur son cuir chevelu, ne crie le nom Serdaigle dans la Grande Salle.

A partir de là, tout était passé très vite. De la première année, elle était arrivée à la deuxième, puis à la troisième. A ce moment-là, elle avait déjà pris toutes ses marques au château, prenant l'habitude d'aider les plus jeunes qu'elle quand ils en avaient besoin, si jamais ils ne trouvaient pas de préfet ou de professeurs tout de suite. Mais quand elle n'était pas en train de rester avec ses amis ou de filer un coup de main aux autres, elle était à la bibliothèque, comme toujours. Et c'était cette année-là qu'elle avait trouvé ce fameux grimoire, celui qui recensait une quantité astronomique de créatures magiques. Alors elle avait lu, appréciant d'abord énormément ce qu'elle lisait, en apprenant plus sur des créatures adorables telles que les Niffleur ou les Botruc. Puis elle était arrivée à ce chapitre sur la lycanthropie et son coeur s'était emballé, mais pas à cause d'une quelconque excitation. Tout ce qu'elle lisait, ça lui faisait peur, délibérément et complètement peur. Elle savait que ce n'était pas la faute des sorciers en question, après tout ils ne choisissaient pas de se transformer, mais elle les trouvait incroyablement dangereux, surtout considérant qu'ils pouvaient être responsables de la mort ou de la lycanthropie de quelqu'un d'autre. Et pourtant, malgré la peur, elle avait continué de se renseigner, cherchant d'autres informations sur ce phénomène, mais sa peur ne s'était jamais atténuée. Aussi loin qu'elle le savait, il n'y avait pas de loup-garou à Poudlard, donc elle était tranquille, non ? Mais à bien y réfléchir, ce n'est pas comme si qui que ce soit allait crier ce genre de choses sur les toits. Alors elle avait fini par arrêter de renseigner, préférant rester avec toutes les informations qu'elle avait déjà acquises.

Eleanor faisait partie des meilleurs de sa classe et même si certains s'étaient doutés du fait que ça arriverait, la jeune sorcière avait été excitée quand, pendant l'été précédant sa cinquième année, elle avait appris qu'elle avait été sélectionnée comme préfète. Elle qui adorait les plus jeunes et qui se donnait du mieux qu'elle pouvait dans la vie du château, c'était un honneur qu'elle n'aurait jamais imaginé refuser. Alors elle était devenue préfète, et c'était avec une grande fierté qu'elle avait accroché son nouveau badge à sa robe de sorcier alors qu'elle était montée dans le train en direction de Poudlard, ce 1er Septembre 2018. Elle avait rapidement pris ses marques, prenant part aux rondes et à l'organisation de certains évènements. Elle avait directement fait en sorte de se rendre accessible, préférant passer du temps dans sa salle commune ou dans la grande salle, plutôt qu'au fond de la bibliothèque où certains élèves n'iraient pas nécessairement la chercher, et ça avait plutôt marché. Evidemment, ce n'est pas comme si on lui posait des questions tous les jours, mais on lui en posait malgré tout, et la satisfaction qu'elle trouvait dans le fait d'avoir aidé d'autres élèves valait tout l'or du monde à ses yeux. Mais avec le rôle de préfète venait une autre responsabilité, celle de rajouter ou enlever des points à sa maison. Au début, elle s'était demandé si elle oserait, mais elle avait assez vite appris que oui. Le règlement de Poudlard était important à ses yeux, alors elle n'avait pas de difficultés à faire en sorte qu'il soit respecté. Evidemment, elle se faisait parfois critiquer par certains élèves, mais ça ne l'intéressait pas tant que ça. Dans tous les cas, elle avait ses amis, de bons résultats, et un rôle de préfète qui lui tenait énormément à coeur, elle n'avait pas à se plaindre. Quand elle était arrivée au moment des BUSEs cette année-là, elle avait révisé du mieux qu'elle pouvait, une grande fierté la remplissant alors qu'elle sortait avec à minima un Exceptionnel dans toutes ses matières, sauf le Quidditch où elle n'avait eu qu'un Acceptable, ce sport n'étant pas sa tasse de thé, comparé à sa soeur qui l'adorait, au point d'envisager de choisir ce domaine pour ses études supérieures.

Sa sixième année était passée bien vite, et El' s'était rapidement retrouvée en septième année, les ASPICs et les choix d'études supérieures prenant une place plus qu'importante dans la vie de la brune. Elle voulait encore une fois avoir les meilleures notes possibles mais aussi, elle voulait faire le bon choix pour ses études supérieures mais le problème, c'est qu'elle ne savait pas quoi faire. Tout l'intéressait, mais elle n'avait pas trouvé le domaine, celui qui lui ferait tourner la tête et sur lequel elle pourrait travailler jour et nuit. Jusqu'à ce jour-là, où elle était partie à la bibliothèque pour emprunter un livre de Sortilèges mais qu'au lieu de ça, elle était tombée sur un grimoire concernant l'artisanat des baguettes magiques. Elle l'avait emprunté, oubliant bien vite le livre qu'elle était initialement venue chercher et après ça, la liste des livres d'artisanat empruntés par Eleanor Fawley n'avait fait qu'augmenter. C'était lui, le domaine qui lui faisait tourner la tête. L'artisanat était déjà intéressant, mais alors celui de baguettes magiques ? Elle ferait ce qu'elle aurait à faire pour en faire son métier. Elle avait passé un temps fou dans les livres, à la fois pour ses ASPICs, mais aussi pour se préparer quant à ses études supérieures, ne les quittant que pour remplir ses devoirs de préfète et passer du temps avec ses amis. Alors oui, quand l'été de sa dernière était arrivé, elle avait été exténuée, littéralement. Elle avait tout donné pendant plusieurs mois, et autant dire que les vacances avaient été plus que bienvenues. Mais encore une fois, elle avait bien fait d'autant travailler, considérant qu'elle allait faire sa rentrée en licence d'artisanat, mais aussi considérant qu'elle avait obtenu des résultats plus que mérités dans chacune des matières de ses ASPICs. Mais l'été 2021, c'est aussi l'été où tout avait changé.

Tout s'était bien passé, jusqu'au 13 Juillet. Eleanor était dans le salon, en train de lire un livre et ses parents étaient en train de faire à manger, alors qu'Alicia était dans le jardin de la maison, en train de dessiner un paysage qu'elle avait déjà représenté une bonne dizaine de fois, allez savoir pourquoi elle n'avait pas décidé de partir en licence d'Arts Magiques comme Emily, une des plus proches amis d'Eleanor. Quand Judith avait demandé à sa fille d'aller chercher son aînée car le repas était prêt, Eleanor avait d'abord levé les yeux au ciel, ne voulant pas quitter son livre tant qu'elle n'avait pas fini son chapitre. Mais elle y était allée, prenant directement la direction des arbres au fond du jardin, sachant pertinemment qu'Alicia était de l'autre côté. Sauf que quand Eleanor avait passé ces arbres, elle s'était arrêtée nette, le monde s'arrêtant de tourner. Elle avait senti l'herbe quitter la surface de ses pieds et elle avait eu la sensation que sa chute de quelques secondes avait duré plusieurs dizaines de minutes. Sa main avait rejoint celle de sa soeur, inerte dans l'herbe, avant d'arriver au niveau de son cou, à la recherche du pouls qu'elle savait qu'elle ne trouverait pas. Et en effet, elle n'avait trouvé que le vide, l'absence terrifiante d'un pouls, au niveau de la peau encore chaude de sa soeur. Elle avait hurlé. Elle ne saurait même pas dire comment un son aussi inhumain avait pu passer la barrière de ses lèvres, mais ses parents étaient arrivés en courant, sa mère tombant à genoux à côté d'Eleanor, alors que son père restait debout, s'accrochant à leurs épaules comme si il allait s'effondrer. Le verdict des médecins avait clair, ça avait tout d'un arrêt cardiaque, ce qui était pourtant assez inhabituel pour une jeune femme de 20 ans en bonne santé. La vie avait drastiquement changée chez les Fawley, la maison habituellement aux allures si ensoleillées devenant une maison aux allures moroses.

L'enterrement d'Alicia avait ameuté les foules, la jeune femme ayant toujours eu plein d'amis. Mais Eleanor, elle, n'avait presque aucun souvenir de cette cérémonie. Elle ne se souvenait pas de qui était venu, de qui lui avait parlé, ni de combien de temps ça avait duré. Elle ne se souvenait que de la présence de ses parents, son père à sa gauche et sa mère à sa droite, l'aidant à se tenir debout alors qu'elle prononçait son discours, et l'aidant une nouvelle fois alors que sa soeur était amenée sous terre. Elle ne saurait même pas dire combien de litres de larmes avaient quitté ses yeux et ceux de ses parents, et elle ne saurait pas non plus dire combien de temps ils étaient restés là, assis dans l'herbe, alors que tout le monde était parti depuis bien longtemps. Eleanor avait beaucoup changé cet été-là. Elle qui était devenue avenante s'était refermée sur elle-même, ne quittant jamais ses livres et ne quittant sa chambre que pour voir ses parents qui eux aussi, n'allaient pas bien du tout. Elle qui aurait dû partir passer une partie de ses vacances avec des amis, elle avait tout annulé sur le champ, par le biais d'une courte lettre envoyée par le biais de l'hibou familial. Elle avait passé une bonne partie du mois de juillet chez elle, jusqu'à cette fameuse soirée, celle du 24 Juillet, où elle avait eu besoin de prendre l'air. Elle était partie avec son sac et son livre, prévenant ses parents qu'elle rentrerait vite, sachant que l'idée qu'elle ne soit pas avec eux les terrifiait au plus haut point. La brune avait quitté la maison familiale et avait transplané dans une forêt où sa famille et elle avaient souvent fait du camping. Elle s'était assise au pied d'un arbre, les larmes passant une nouvelle fois la limite de ses paupières alors qu'elle se recroquevillait sur elle-même, ses genoux rejoignant rapidement sa poitrine. L'absence de sa soeur était glaciale et une partie d'elle avait la sensation qu'elle ne s'en remettrait jamais. Mais cette session de pleurs avait été interrompue qu'Eleanor aurait pu reconnaître entre mille, malgré qu'elle ne l'ait jamais entendu auparavant. Cette nuit-là était une nuit de pleine lune, et elle n'était pas seule dans cette forêt.

L'attaque n'avait duré que quelques secondes et Eleanor ne se souvenait que de deux choses : les yeux de ce fichu loup, et la douleur brutale au niveau de son abdomen, là où elle avait été mordue. Elle ne saurait même pas dire comment elle était rentrée chez elle, comment elle avait pu ne pas tomber dans les pommes, mais elle était rentrer, et sa mère -médicomage, merci Merlin-, l'avait soignée. Aucune question n'avait été posée, Eleanor n'avait rien dit. Elle se doutait que sa mère avait compris, mais personne ne voulait le dire, personne ne voulait dire que leur fille avait été mordue par un loup-garou, à peine une dizaine de jours après le décès de leur aînée. Les cauchemars que la jeune Fawley faisait toutes les nuits avaient été complétés, la silhouette d'un loup rejoignant la scène de la découverte du corps de sa soeur. Eleanor avait vu les jours passer, la peur rejoignant son déni alors que la nouvelle pleine lune se rapprochait. Le monde avait continué de tourner pendant que le mois d'Août avançait. Eleanor avait reçu une nouvelle lettre de Poudlard, le directeur lui offrant la place de haute préfète si elle le désirait, lettre accompagnée de ses plus sincères condoléances, bien évidemment. Personne ne pourrait ne serait-ce qu'imaginer à quel point elle avait voulu refuser cette position, alors qu'elle avait espéré l'obtenir pendant toute sa septième année. Mais elle n'avait rien fait, parce qu'il lui fallait quelque chose à quoi s'accrocher, et parce que ses parents étaient si heureux à l'idée de cette nomination. Alors elle avait accepté, se disant que peut-être, juste peut-être, cela permettrait à la roue de tourner. Sauf que le 22 Août était arrivé et avec lui, la pleine lune. Sans un mot, Eleanor avait quitté sa main, se doutant que sa mère avait compris. Est-ce que son père était au courant de quelque chose ? Aucune idée. Mais elle s'était isolée et elle avait attendu, espérant qu'elle rentrerait chez elle bientôt. Sauf qu'après avoir ressenti une vive douleur, elle avait eu l'équivalent d'un trou noir et elle s'était réveillée, plus loin dans la forêt dans laquelle elle était partie se réfugier. Elle était rentrée chez elle, blessée psychologiquement, terrifiée à l'idée d'avoir blessé qui que ce soit. Elle avait demandé à parler à ses parents et leur avait tout dit. Elle ne se voyait pas retourner à Poudlard, la rentrée était dans à peine plus d'une semaine.

Mais l'avantage de la famille Fawley, c'est qu'ils avaient de nombreux contacts. Alors ils avaient pris contacts avec différents professionnels du domaine, pour entre autres avoir des conseils, et ils avaient trouvé un moyen pour qu'Eleanor reçoive un stock de potions chaque mois, histoire que ses transformations soient supportables, et surtout qu'elle puisse les contrôler et ne blesser personne. Ses parents lui avaient aussi dit de prévenir certains de ses professeurs, alors elle l'avait fait, terrifiée à l'idée des conséquences auxquelles elle s'exposait. Mais tout s'était bien passé, ce qui était assez surprenant, dans son point de vue à minima. Elle était partie faire sa rentrée le 1er Septembre 2021, son badge de haute préfète flambant neuf sur la poitrine. Mais c'était la première année où la rentrée ne lui amenait aucune joie. Elle avait peur de blesser les autres, l'absence de sa soeur n'était que plus évidente, laissant un air glacial partout où Eleanor avait l'habitude de le voir. Elle avait beau avoir salué ses amis, elle s'était aussi refermée sur elle-même, passant tout son temps à la bibliothèque ou derrière ses livres et quand elle ne faisait pas tout ça, c'est qu'elle était en train de remplir ses devoirs de haute-préfète. Elle ne vivait plus à Poudlard, ayant décidé de louer un petit appartement à Pré-Au-Lard. Ca lui avait permis de ne pas être suspecte quand elle avait quitté le château le soir du 21 Septembre, alors que la pleine lune allait arriver. Elle avait vécu sa transformation bien mieux que la précédente, considérant qu'elle avait pu la contrôler et qu'elle savait parfaitement qu'elle n'avait blessé personne cette fois-ci. Elle ne savait toujours pas ce qu'elle avait fait lors de la pleine lune précédente, mais elle savait que maintenant, les choses seraient sous contrôle.

Sauf que tout cela ne l'empêche pas d'avoir peur. Et si la potion ne fonctionnait pas, ou alors ne fonctionnait pas assez ? Et si malgré tout, elle perdait le contrôle ? Et si malgré tout, elle blessait ou transformait quelqu'un ? Toutes ces idées la terrorisaient. C'est aussi pour ça qu'elle n'arrivait pas à parfaitement retrouver ses liens habituels avec ses amis, parce qu'elle ne voulait pas les blesser. Elle qui n'avait jamais eu la moindre expérience amoureuse, sachant seulement qu'elle était intéressée par les femmes, elle avait maintenant l'impression qu'elle devait mettre tout ça derrière elle, la sensation d'être un danger public ne la quittant pas et justement, ne faisant que prendre plus de place alors qu'elle se rapprochait de ses amis. Mais une chose était sûre, elle avait bien fait de ne pas refuser son rôle de haute-préfète, il lui apportait une sorte de réconfort, une sorte de but, tout comme ses cours d'artisanat qui, comme prévu, la passionnaient complètement. Mais malgré tout ça, le manque de sa soeur était omniprésent, et la peur de sa lycanthropie l'était tout autant.