Coffee, ink and vinegar - ft. Adriel

Persephone & Adriel

Coffee, ink & vinegar

L’avantage d’être prof d’arts à Poudlard, c’était que contrairement à ses collègues, Persephone n’avait pas de copies à corriger. Enfin, pas autant que les autres. Certes, elle donnait parfois des devoirs de recherche ou ce genre de choses, mais les seules choses qu’elle notait, c’étaient les travaux artistiques. Photographie, dessin, peinture, elle se contentait en général de donner un thème, un sujet, et laissait ensuite le champ libre à ses élèves. Bien sûr, les projets demandés n’avaient pas tous le même temps imparti ni les mêmes consignes – l’idée étant parfois de faire sortir les élèves de leur zone de confort en les forçant à passer par un art qu’ils maîtrisaient moins – et cela lui laissait donc le temps de s’organiser pour réussir à tout noter tout en jonglant avec son travail principal et tout ce qu’il impliquait. N’empêche que voir la plupart de ses collègues galérer et s’arracher les cheveux en corrigeant des mètres et des mètres de parchemins mal écrits c’était extrêmement distrayant et qu’elle aimait donc venir parfois en salle des profs rien que pour ça. Une petite pause matinale – une heure sans cours dans son emploi du temps autrement très chargé – un café bien glacé et la voilà installée sur l’un des canapés moelleux de la pièce, le regard passant d’un collègue à un autre, les observant. Il fallait dire qu’elle n’était pas là souvent – un ou deux jours dans la semaine, maximum – et qu’elle n’avait en règle générale pas le temps de trop s’intéresser à eux. Certains étaient très agréable, mais pas vraiment trop son genre de personne. Trop vieux, trop à fond dans les études et le savoir à tout prix... Mouais, ça l’intéressait pas. Mais il y avait une nouvelle tête cette année qui lui parlait un peu plus. Plutôt jeune – peut-être dans ses âges – pas trop désagréable à regarder et surtout, surtout, la peau assez encrée pour que ça attire son regard. Elle l’avait remarqué la semaine précédente mais n’avait pas eu le temps d’aller faire connaissance. Alors quand elle le vit entrer et aller s’installer dans un autre canapé, un peu plus loin, elle n’avait pas hésité et s’était levée, se laissant ensuite tomber à côté de lui.

« Salut. Percy. T’es qui, t’es quoi, tu viens d’où ? »

Elle n’avait pas eu l’occasion de poser toutes ces questions et d’apprendre à le connaître le soir du banquet de rentrée, tout simplement parce qu’elle n’y avait pas assisté. Elle n’était pas là souvent, n’avait que peu de responsabilités – même si elle était désormais responsable de toute une maison – et n’avait surtout pas envie de s’embêter à venir au château juste pour une soirée. Baguette sortie, petit mouvement du poignet pour faire venir à elle un paquet de chips au vinaigre ouvert bien rapidement, combinaison parfaite avec son café, première avalée avant de tendre le paquet vers l’inconnu bientôt plus très inconnu.

« Des chips ? »

Et qu’il n’essaie même pas de lui dire que dix heures du matin c’était trop tôt pour ce genre de nourriture.

Persephone & Adriel

Coffee, ink & vinegar

Sourcil impressionné haussé, puis sourire ravi étirant les lèvres peintes d’un rouge éclatant. Ok, ce type lui plaisait bien, c’était définitif. Nouveau sort, paquet neuf arrivant dans sa main qu’elle tendit bien volontiers à son nouveau meilleur ami du moment. Elle non plus ne savait pas s’arrêter à une chips, mais c’était pas vraiment un drame, au fond. Elle adorait manger à peu près toutes les petites conneries salées qui pouvaient lui passer sous la main, ça ne lui avait jamais posé le moindre problème. Plutôt adepte du grignotage que des vrais repas, ça fonctionnait parfaitement avec son emploi du temps de ministre et son incapacité à se mettre à table plus de dix minutes. Bon, ça fonctionnait aussi avec le fait qu’elle soit incapable de cuisiner quoi que ce soit d’autre que des pâtes – oui oui, même en incluant la magie – mais ce n’était pas le premier argument qu’elle donnait, bien entendu.

« Tiens, comme ça t’as pas à te limiter. »

Prénom obtenu, ça lui disait vaguement un truc, mais pas suffisamment pour qu’elle en ait quelque chose à faire. Peut-être qu’ils s’étaient croisés par le passé, s’il avait passé du temps ici, mais ça ne l’intéressait pas vraiment. Y’avait des questions plus urgentes, notamment lui demander de se désaper fissa pour qu’elle puisse inspecter chaque goutte d’encre sous la peau. Aucune envie bizarre derrière tout ça, juste une pure déformation professionnelle, rien de plus. Prof de vol, pourquoi pas. Elle fronça le nez à l’entente de la matière qu’il lui attribuait au hasard et secoua aussitôt la tête. Oh elle aimait les moldus, le problème n’était pas là. C’était plutôt l’idée qu’on puisse lui coller une matière aussi ennuyeuse sur la tronche qui l’emmerdait.

« Ew, non. Arts. »

Et comme pour prouver ses dires, elle attrapa le sac qu’elle avait laissé sur le sol et en sortit un calepin, le mettant entre les mains d’Adriel pour l’inviter à le feuilleter.

« Mais je suis pas là souvent, vu que j’enseigne qu’aux étudiants en supérieur. Le reste du temps je suis à Londres, je suis tatoueuse. D’où mon intérêt pour ta petite personne. »

Sourire accompagné d’un clin d’œil avant de prendre une nouvelle chips. Puis léger froncement de sourcils.

« Et Persephone, mais on m’appelle pas souvent comme ça. »

Pas que ça la dérange vraiment, c’était plutôt marrant, comme nom, et ça lui allait vachement bien. Magnifique Princesse des Enfers, il y avait pire comme modèle. C’était juste habituel, de se présenter sous son surnom, parce qu’on le faisait pour elle depuis qu’elle était gosse. Percy, c’était son quotidien. Persephone, c’était un peu sa personnalité cachée, le côté sombre sous les couleurs vives qu’elle adorait porter. Ça lui donnait comme un côté mystérieux alors qu’elle était un livre ouvert. Ouais, elle aimait bien ça.

« Adriel, donc... C’est ta première année en tant que prof ? Les petits te font pas péter un plomb ? Je pourrais tellement pas enseigner aux Premiers Cycles. »

C’était l’une des choses qui lui avaient fait accepter le poste qu’on lui avait proposé. Ne pas avoir à gérer les plus petits, c’était l’idéal. À partir de 15 ou 16 ans, ça lui allait. Avant ça... Peu d’intérêt. Quelque chose tiqua cependant dans son esprit.

« Ah, c’est vrai... Je suis la Directrice de Poufsouffle, aussi. Donc si y’a un de mes blaireaux qui te met la misère... Hésite pas à pas venir me voir. »

Léger rire, puis petites tapes sur le bras de l’ancien joueur pro.

« J’plaisante. Je t’aiderai comme je peux si y’a un souci, mais ça m’étonnerait quand même. On n’est pas du genre à sortir du rang. »

Mensonge. Les Poufsouffles étaient surtout du genre à n’attirer aucun soupçon et à ne jamais se faire prendre. Mais ça, c’était un secret bien gardé.

Persephone & Adriel

Coffee, ink & vinegar

C’était plutôt marrant, de voir un adulte se comporter comme un enfant à qui on proposait des bonbons tout en lui matraquant l’idée que c’était mauvais pour la santé. Persephone n’avait pas ce problème, elle se foutait pas mal de ce qu’elle mangeait, buvait, ou quoi que ce soit. Certains sorciers vivaient jusqu’à largement plus de cent ans, elle avait confiance en la médicomagie et se doutait que ce n’étaient pas quelques petits plaisirs gustatifs qui allaient changer quoi que ce soit. Elle continua donc de dévorer méthodiquement ses chips, mine renfrognée en entendant l’autre parler moldus comme s’il n’avait pas compris ce qu’elle avait voulu dire. M’enfin, après tout, c’était un homme, fallait sûrement lui réexpliquer.

« J’ai pas dit qu’ils étaient nuls, t’es au courant de ça, blondie ? Je travaille dans Londres, j’en tatoue même peut-être plus que je tatoue des sorciers. Mais l’étude des moldus, quoi... T’as déjà passé un seul moment fun dans ce genre de cours ? Parce que moi non. Alors que l’art... »

Expression mystérieuse sur le visage, chips pincée entre deux doigts et agitée dans les airs comme pour ponctuer la phrase qu’elle ne terminerait jamais, avant de finalement l’envoyer droit dans sa bouche. C’était un peu sa marque de fabrique, ce genre de phrases à la con, auxquelles elle ne croyait d’ailleurs pas du tout. C’était surtout histoire d’alimenter les clichés sur les professeurs d’art un peu trop dramatiques. Elle remarqua le changement d’attitude de son vis-à-vis lorsqu’elle évoqua son métier et comprit assez rapidement qu’il ne faudrait pas insister pour découvrir plus avant l’encre qui ornait sa peau. Pour l’instant. Elle était assez confiante dans sa capacité à apprivoiser la bestiole. Chaque chose viendrait en son temps. En guise de réponse à sa remarque, elle leva une main en signe de reddition et de paix, montrant qu’elle n’avait aucune intention de briser une barrière qu’il érigeait probablement pour une très bonne raison. Elle travaillait avec les corps au quotidien, savait à quel point la moindre chose pouvait faire se refermer une personne. Elle attendrait son tour. Pendant ce temps, autant apprendre à mieux connaître ce nouveau venu avec qui elle allait partager la salle des professeurs dans les prochains mois. Elle ne put s’empêcher de rire en l’entendant décrire les petits sorciers et les comparer aux plus âgés. Il fallait avouer que dans sa discipline, les choses s’expliquaient assez facilement. Pour les arts, en revanche, elle n’avait pas la même vision. Les plus jeunes étaient en général bien trop dissipés pour passer des heures et des heures sur un seul et même projet, là où les plus vieux n’avaient aucun problème à se donner à fond dans leurs travaux.

« Ben t’as qu’à être moins con, alors. »

Coup d’œil jeté au fond du paquet – désormais vide – avant de lancer un regard et un sourire diabolique dans la direction du professeur de vol. Paquet de chips vide posé sur la table, long soupir poussé, elle reprit la parole, le regard au plafond tandis qu’elle s’était avachie dans le canapé.

« Pour moi, les petits c’est pas gérable. Ça fait des tâches partout, ça se bat avec les pinceaux et le reste du matériel, ça sait pas se concentrer cinq minutes. Nan, vraiment, c’est la mort. Je préfère des gamins qui sont déjà un peu plus surs d’aimer ma matière, qui sont là pour une bonne raison et pas parce qu’ils sont obligés. Largement plus agréable. »

C’était sûrement ça qui avait joué dans le fait qu’elle accepte ce poste, d’ailleurs. Le fait qu’elle ait eu l’assurance, dès le départ, qu’elle ne serait jamais confrontée aux Premiers Cycles, sauf cas exceptionnel. Elle ne le dirait jamais à voix haute, mais elle ne se sentait pas les épaules pour ce genre de rôle. Former la future génération, c’était une tâche bien trop ardue pour quelqu’un comme elle. Les aider à avancer sur un chemin déjà choisi, quand toutes les étapes les plus importantes étaient déjà faites, ça lui allait largement mieux. Petite entorse à tout ça, bien sûr, quand elle avait accepté le rôle de directrice de Poufsouffle, mais ce n’était pas tout à fait la même chose. Elle qui avait connu les directeurs de maison froids et distants avait décidé qu’elle ne serait pas de cet acabit. Plutôt le rôle d’un guide, de quelqu’un que l’on venait consulter en cas de problème, pas uniquement une figure d’autorité qui retirerait des points et attribuerait les punitions sans rien faire d’autre. Elle fronça soudainement les sourcils, sans pour autant changer de position, avant qu’un sourire n’étire ses lèvres. C’était donc pour ça que ce prénom lui avait tout de suite parlé.

« Putain quel merdeux celui-là. Mais toi aussi, remarque. Enfin dans mes souvenirs, t’étais pas un enfant de chœur, hein. Adriel Knight... Je crois que tous mes amis, peu importe le genre, avaient un crush soit sur toi, soit sur mon frère. J’étais heureuse quand tu t’es cassé, on a arrêté de m’emmerder. »

Elle avait rapidement arrêté de compter le nombre de fois où un ou une autre élève lui avait demandé si elle pouvait les faire entrer au milieu de ce trio de dégénérés qu’ils formaient à l’époque. Très peu pour elle, bien entendu. Son frère vivait sa vie, elle vivait la sienne. Ils s’étaient très rapidement divisés et avaient tissé des liens puissants avec des personnes avec lesquelles ils ne partageaient aucun lien sanguin. Peut-être avait-ce été un besoin pour eux, après avoir été forcé de cohabiter et de s’entendre toute leur enfance. Pas qu’ils ne s’aiment pas, bien entendu, mais s’ouvrir aux autres et au monde leur avait été bénéfique et surtout nécessaire.

« Maintenant que j’y pense t’as vraiment pas changé. Toujours une tête de loveur de bas étage. Et je comprends mieux le côté con... Moi non plus je voudrais pas que tu m’apprennes quoi que ce soit. »

Elle tourna enfin la tête vers lui en riant doucement, puis tapota légèrement sa cuisse.

« N’empêche que t’es vachement moins intéressant maintenant, du coup. »

Persephone & Adriel

Coffee, ink & vinegar

S’il y avait bien une chose à laquelle Persephone ne s’était pas attendu, c’était de se retrouver en pleine discussion avec l’un des meilleurs amis de son frère. Ils étaient sans arrêt collés ensemble, à la « grande époque ». Et puis le blond était parti et Luke et Alya avaient resserré les rangs, se retrouvant tous les deux. N’empêche que malgré son départ, les demandes de présentation avaient continué à affluer pour la Poufsouffle qui coupait en général les ponts immédiatement avec la personne le lui ayant demandé. S’intéresser à elle uniquement parce qu’elle connaissait les loustics, ce n’était pas une bonne idée, plutôt le contraire d’ailleurs. Elle fronça les sourcils en entendant Adriel dire qu’elle savait certainement pourquoi les gens se bousculaient pour ne serait-ce qu’un tout petit peu d’attention de sa part, puis elle plissa les yeux, l’observant attentivement. Est-ce qu’il avait quelque chose de particulier et qu’elle ne voyait pas ? Il était beau, c’était indéniable, mais elle avait tendance à partir du principe que tout le monde était beau, et c’était ensuite la personnalité qui faisait qu’elle était attirée ou non par quelqu’un, le ou la rendait réellement magnifique à ses yeux. Elle prit une gorgée de café en continuant à l’observer, puis haussa les épaules.

« M’non. J’entendais suffisamment parler de vous, j’allais pas en plus poser des questions à l’autre casse-couilles. »

Ne jamais se mêler de la vie de l’autre, sauf sur invitation claire, nette et précise. Elle n’avait jamais eu envie d’en savoir plus sur ses deux compagnons, en avait appris bien plus que de raison sur Alya puisqu’elle avait partagé la vie de son frère depuis leur toute première année à Poudlard, alors qu’Adriel n’était pas resté si longtemps que ça. On ne pouvait donc pas dire qu’elle sache grand-chose sur celui qui lui faisait face, hormis le strict nécessaire. Elle ne put retenir un rire en l’entendant avouer qu’il ne jouait pas dans cette équipe, même si ce n’était qu’à demi-mots.

« Mon frère est du genre à craquer pour tout et n’importe qui, tant qu’on ne parle pas de sentiments. »

Elle le connaissait bien, Lucius, et avec le temps elle avait compris qu’ils étaient tous les deux aussi doués l’un que l’autre dans la gestion des sentiments et des relations amoureuses. Son frère avait cédé avec la joueuse de Quidditch de Poufsouffle dont elle avait oublié le nom, mais c’était bien la seule à l’avoir convaincu de se lancer dans autre chose que des relations purement physiques. De son côté à elle, la personne qui en serait capable n’existait probablement pas. Les sentiments et toutes ces idioties, très peu pour elle.

« T’en fais pas, je suis pas du genre à aller piocher chez les potes de Lucius. Je vous trouve mimis tout au plus. Et j’ai beau piocher un peu partout, je ne fais pas dans le mâle gay. »

À dire vrai, en ce moment, elle ne faisait dans rien du tout, d’ailleurs. Tout ce qui la faisait vibrer, c’était son travail, et pas grand-chose en dehors de ça. Il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas cherché de partenaire, pas même pour quelques heures d’amusement. Mais là n’était pas vraiment le sujet. Elle fut heureuse qu’ils reviennent sur celui des tatouages, et haussa un sourcil curieux à la question qui lui était posée. Il ne voulait pas qu’elle observe l’encre qui ornait sa peau, mais lui demandait ça ? C’était bizarre. Où est-ce qu’il voulait en venir ?

« M’non. La plupart sont pas tatoués, trop vieux pour ça. Ou trop purs. »

Un sourire amusé étira ses lèvres en imaginant Charlie Lupin sur sa table, pauvre petit.

« Mais mon assistante oui. Pas vraiment un client régulier, mais Levi est passé au salon une fois ou deux. Le prof de Soins aux Créatures, là, l’américain. »

Dans les yeux de son vis-à-vis, une petite étincelle étrange, qui fit s’étaler le sourire un peu plus

« Je crois que j’ai tapé pile là où t’attendais. Un truc à m’dire au sujet du monsieur ? »

Curiosité mal placée, peut-être, mais ce n’était pas tous les jours qu’elle pouvait avoir ce genre de discussion au sein du château, alors bien entendu qu’elle sautait sur l’occasion.