Unsolicited conversation. - ft. Hera

Dariya & Hera

Unsolicited conversation.

Comment est-ce qu’elle avait pu être aussi stupide ? Stupide n’était même pas le mot adéquat, d’ailleurs. Elle avait été naïve, peu attentive, et s’était faite avoir comme une enfant. Tout ça la mettait dans une rage noire. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’elle faisait ça. Loin de là, d’ailleurs. Elle avait l’habitude de sortir discrètement, juste après le couvre-feu, les tour de ronde des divers préfets et professeurs appris par cœur au fil de ses explorations. Elle montait les escaliers sur la pointe des pieds, cape noire sur les épaules, remontée sur ses cheveux blonds parfaitement coiffés, franchissait les longs couloirs, puis cheminait en silence jusqu’aux serres, en trouvant toujours une ouverte ou la porte légèrement entrebâillée. Elle avait sa préférée, bien entendue, où se trouvait tous les spécimens les plus rares et incroyables du château, mais celle-ci était évidemment toujours fermée à clé. Elle avait donc jeté son dévolu sur une autre serre, un peu plus lointaine, peu souvent utilisée, dans laquelle elle avait dissimulé ses plans personnels. Puisqu’elle ne pouvait pas veiller elle-même sur ceux qui s’épanouissaient à l’abri de sa serre secrète, dans le jardin du manoir familial, elle avait décidé l’année précédente de faire ses expérimentations au château, là où personne ne pourrait la voir.

Trois à quatre fois par semaine, donc, elle se rendait aux serres pour veiller sur ses plans, retirer le charme qui les dissimulait aux yeux de tous – maîtrisé de longue date pour dissimuler la même chose à ses parents – et s’assurer que tout le monde se portait bien. Parfois, elle était accompagnée d’un fantôme ou un autre, son préféré restant le Baron Sanglant, toujours silencieux et observateur, présence qui la rassurait plutôt que de l’effrayer comme certains gamins. Cette fois, cependant, c’était Peeves qui s’était joint à elle tandis qu’elle avançait dans le château. Elle avait bien entendu tenté d’ignorer l’esprit frappeur, mais avait fini par le menacer d’appeler le Baron lorsqu’il avait commencé à faire un peu trop de bruit. Pas question qu’il attire l’attention et la mette dans l’embarras. Il avait râlé et s’était enfui, elle s’était sentie libérée. Cependant, une fois arrivée dans la serre et en entendant un immense fracas, elle avait compris son erreur. Peeves s’était décidé à faire un boucan infernal pour attirer le plus d’attention possible, rendant la fuite inimaginable. Pour combler le tout, il s’était débrouillé – sans qu’elle ne comprenne ni comment ni pourquoi – à verrouiller entièrement la serre, ne laissant aucune possibilité d’en sortir. Elle était là, piégée, sans aucune possibilité d’appeler à l’aide. Dans tous les cas, elle ne s’y serait pas abaissée, bien entendu, mais le constat restait le même. Elle perçut soudainement du mouvement – un léger bruit, aussi – à l’autre bout de la serre et sa baguette – pointée sur la serrure, sans aucun résultat – se tourna aussitôt vers l’intrus tandis qu’elle se mettait à murmurer d’une voix assurée, peu impressionnée à l’idée de se trouver en la présence d’une personne inconnue et non-identifiée.

« Qui est là ? Montrez-vous. »

Tout comme avec Peeves, elle serait prête à tout pour ne pas se faire prendre. Il était hors de question que quoi que ce soit lui arrive ou qu’on la trouve ici après le couvre-feu.

Dariya & Hera

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Passer du temps dans les serres est devenu une habitude pour moi, même si parfois, je suis obligée de le faire au moment du couvre-feu -ou plusieurs heures plus tard-. C’est le cas ce soir, d’ailleurs. Alors oui, évidemment, il vaut mieux que je ne me fasse pas prendre, étant donné que je n’ai absolument aucune envie de faire face aux conséquences de mes infractions, mais je ne peux pas m’en empêcher. J’aime m’occuper de certains plans plus que d’autres et, surtout, j’aime la tranquillité que m’offrent les serres à cette période. J’ai déjà fait le tour d’une bonne partie des serres, il ne m’en reste d’ailleurs plus que deux, en comptant celle dans laquelle je suis déjà actuellement. Baguette à la main, je jette quelques sorts sur certains des plans, laissant mes pensées prendre le dessus sur mon attention. Alors évidemment, je ne me rends pas compte que quelqu’un d’autre est là, en grande partie parce que je suis de l’autre côté de la serre par rapport à la personne en question. Ce que je suis forcée de réaliser, par contre, c’est que cette personne n’est pas rentrée seule, mais plutôt en compagnie de ce fichu esprit frappeur, Peeves.

Je lève les yeux au ciel en soufflant alors que je me tourne vers la source du bruit, ou en tout cas une des sources du bruit. Je regarde autour de moi et, assez franchement, c’est le bordel. Certaines choses sont tombées par terre mais, surtout, tout est fermé, même ce qui ne l’est généralement pas. Je ne ressens même pas le besoin de me diriger vers une des portes pour vérifier le fait qu’elle soit verrouillée ou non, je l’ai déjà plus ou moins compris. Cependant, si je ne vois absolument pas Peeves, l’esprit frappeur s’étant probablement échappé une fois qu’il avait été satisfait de ses farces, je remarque une autre silhouette. Je fronce les sourcils, n’ayant même pas le temps de faire un seul pas avant d’entendre une voix arriver jusque dans mes oreilles, probablement celle de la personne présente au niveau d’une des portes. « Je suis Hera, une élève de onzième année. Vous êtes ? » Tout ce que je sais, c’est que je ne reconnais absolument pas sa voix, donc ce n’est pas une personne que je connais. M’enfin, ce n’est pas un grand repère avec moi, j’ai toujours été assez solitaire, d’où ma présence dans cette serre à une heure aussi tardive. Je crois distinguer la présence de sa baguette pointée vers moi, le tout alors que la mienne est déjà pointée vers le sol, malgré tout toujours présente dans ma main, juste par précaution.

Dariya & Hera

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Hera… Il y avait plus de personnes nommées ainsi que de raison, mais elles n’étaient pas nombreuses au sein du château et il n’y en avait qu’une seule en onzième année. Hera Ollivander, donc. Dariya ne put retenir une grimace de dégoût. Ces gens-là n’étaient pas fréquentables. Des traîtres à leur sang de la pire espèce, de ceux qu’on ne considérait au fond même plus comme purs, dans les cercles de sorciers respectables. Elle savait parfaitement – ayant été bien élevée – quels sorciers pouvaient entrer dans son entourage ou non. Ceux-là n’en faisaient définitivement pas partie. Bien sûr, elle les avait déjà fréquentés lors de soirées de la haute société sorcière, mais elle s’était bien gardée de montrer autre chose qu’une politesse froide. De toute façon, c’était ainsi qu’elle devait se comporter en public. Ne jamais montrer la moindre émotion, que ce soit le dégoût ou l’affection. Un masque constant, qu’elle chérissait aujourd’hui plus que tout. Il lui permettait de ne jamais pouvoir être analysée par qui que ce soit, de ne jamais réellement montrer ce qu’il se passait dans sa tête. Son masque était son identité publique, la personne qu’elle souhaitait montrer aux autres. Sa réelle personnalité, ses envies, ses rêves... Tout ça n’appartenait qu’à elle. Une façon de se protéger, peut-être. Elle abaissa finalement sa baguette, soupira.

« Tout le monde sait qui je suis. »

Elle s’avança pour se retrouver éclairée d’un rayon de lune, toisant le coin de serre où se trouvait la silhouette sombre d’Hera. Elle hésita un instant, puis se décida à abandonner ses projets pour la soirée. Hors de question de se risquer à révéler ses plants à une sorcière de si bas étage.

« Peeves nous a enfermées. La magie n’a pas l’air de fonctionner. Il va falloir trouver une solution qui n’attirera aucune attention. J’imagine que tu n’as pas vraiment envie d’être trouvée ici après le couvre-feu. »

Hors de question bien entendu de lui parler des raisons de sa présence dans les serres à cette heure si avancée, mais elle ne poserait pas non plus de questions à l’autre sorcière en ce sens. Premièrement et plus que tout parce qu’elle n’avait que faire de la réponse, mais également parce que moins elles en savaient sur l’autre, mieux elles se porteraient. Ne pas savoir, c’était ne pas avoir la possibilité de dénoncer qui ou quoi que ce soit. Ne leur restait plus qu’à trouver le moyen de se sortir de ce mauvais pas.