01 Caractère
Vous avez sous les yeux le parfait exemple d’un homme qui un jour a décidé d’arrêter de se faire chier à faire plaisir aux gens, arrêter de tenter de ne pas décevoir autrui, et qui n’en a plus rien à foutre que sa tête ou ses paroles vous reviennent ou pas. Pas méchant, pas déplaisant, pas con non plus, mais Erik n’a plus du tout envie de se pourrir la vie au sujet des convenances et du protocole. Il fait ce dont il a envie, quand il en a envie et au diable le reste, tant que ça ne le place pas trop dans une situation épineuse face aux autorités. Frayer avec la limite de la légalité l’amuse, et il se dit que si un jour il se fait coincer, ce sera tant pis pour sa gueule et qu’il n’avait qu’à ne pas tenter le diable.
La famille Aleïev dit sans doute qu’il est banni, déshérité et que son nom ne doit plus être prononcé en leur présence mais de son côté il dit que c’est plutôt lui qui a décidé de tourner le dos aux traditions ancestrales et beaucoup trop coincées appartenant à une époque plus que révolue. Il adore être considéré comme le mouton noir, le rebelle et la honte du clan. C’est toujours mieux que pleurer sur son sort? Il conserve le nom des Aleïev comme un pied de nez à leur encontre, parce qu’il sait que ça les dérange beaucoup plus que lui d’entendre ce nom rattaché à sa personne.
Sa vie tient en un sac qu’il traîne un peu partout avec lui, et même si ledit sac possède un sortilège d’extension, on en fait vite l’inventaire car Erik n’est pas du tout attaché aux biens matériels. Peut-être étrange pour un Briseur de sorts/Chasseur de trésors, mais tant mieux au fond puisqu’il est engagé par de grandes organisations ou de riches sorciers pour mettre la main sur des artefacts ou des trésors disparus. De ce côté il n’y a pas d’inquiétudes qu’il soit tenté de garder le butin pour lui et rompe son contrat.
Il n’aime pas les enfants et tolère à peine les adolescents. Il ne sait pas comment agir avec ces petits morveux et leur seule présence lui fait penser à sa femme et la vie parfaite dont elle rêvait. Ça lui donne envie de gerber rien qu’à y penser. Évidemment s’il se retrouve coincé avec un bébé dans les bras il ne va pas lui faire du mal mais il va tout faire pour refiler le paquet à n’importe qui qu’il jugera mieux placé que lui pour s’occuper de cette usine à pleurs.
02 Histoire
C’était sans doute un signe qu’Erik Vassily Aleiëv allait être un emmerdeur de première pour sa famille dès les premières nausées du matin ressenties par sa mère. Cette dernière pourrait affirmer, dans des termes certes plus courtois que ceux qui vont suivre, qu’il lui en a fait baver dès la première seconde et n’a pas arrêté depuis. Descendez la liste complète des symptômes pouvant être rencontrés lors d’une grossesse et il est à peu près certain que l’infortunée mère a subi.
Erik était un bébé difficile, qui dormait toujours au mauvais moment, qui hurlait au beau milieu de la nuit et qui n’a jamais voulu tenir en place sitôt qu’il a été capable de se ramper. Petit garçon bruyant, turbulent mais toujours joyeux dans son chahut, ses tentatives d’évasion à la vigilance de ses nounous en étaient devenues légendaires dans le cercle privé des Aleïev. C’était comme si le bambin savait d’instinct qu’il n'avait pas sa place dans cette famille et ce morose manoir et que pour son propre bien il devait fuir le plus rapidement possible.
Les années ont passées et il a bien été obligé de s’assagir face à l’éducation extrêmement stricte et sévère qu’on lui imposait dans l’espoir de le faire rentrer dans le rang. Entre les punitions, les menaces et les tentatives de chantage affectif, Erik vous affirmera qu’il a essayé. Il a vraiment essayé de rendre ses parents fiers, d’être le second fils digne et posé qu’ils désiraient, de ressembler davantage à son frère aîné toujours cité en exemple. Il se sentait prisonnier, misérable et malheureux à toujours devoir refreiner ses ardeurs et à devoir sans cesse se préoccuper de l’image des Aleïev.
Ses années de scolarité à Durmstrang furent une véritable libération pour lui. Il se découvrit très vite une passion pour les Sortilèges ainsi que pour la Défense contre les forces du Mal, au point où ses professeurs lui suggérèrent très tôt d’envisager la profession d’Auror ou de Briseur de sorts. En contrepartie, Erik se trouva très peu d’affinités pour ce qui était de suivre les règles de la stricte académie scandinave; le métier d’Auror n’était même pas une avenue qui l’intéressait. Hors de portée de l’influence parentale, c’était un tout nouveau monde qui s’offrait à lui, lui qui était si avide d’explorer de nouveaux horizons. Très vite, il s’éloigna de ses camarades Sang-Pur au profit de ceux sur qui on levait le nez, les Sang-mêlés et autres exclus des cercles sociaux qui étaient pour le jeune garçon beaucoup plus intéressants que ses semblables. Il noua de profondes amitiés avec nombre d’entre eux, et bien entendu ne tarda pas à trouver toutes les pièces et passages secrets existants de l’école. Les nuits devenaient rencontres secrètes, l’occasion de boire, de s’échanger les réponses aux prochains examens, de copier les devoirs des autres ou d’échanger des objets de contrebande. Les permissions de sorties les weekends rimaient plus souvent qu’autrement d’évasions dans le monde Moldu, en repoussant toujours un peu plus les limites à chaque nouvelle sortie, et gagnant en audace à mesure que la petite bande d’indésirables vieillissait. Une fois ils furent pris sur le fait. Une seule fois fut suffisante pour que les amis dans le crime soient tous renvoyés de Durmstrang.
Évidemment ce fut la pire catastrophe qui aurait pu arriver aux Aleïev. Leur fils cadet tout juste adulte, pincé dans un tripot clandestin moldu avec des fréquentations peu recommandables, ivre à ne plus en savoir son nom et une fille de petite vertu moldue sur les genoux. Erik se souvient très bien du sifflement strident qui avait longtemps habité ses oreilles après le sermon en règle que ses parents lui avaient servis. Il était la honte de la famille, et il avait intérêt à rester confiné dans le manoir jusqu’à ce que les rumeurs se taisent un peu et que ses parents trouvent le moyen de redorer un peu sa réputation. Le sourire goguenard que lui avait adressé son frère aîné qui avait depuis longtemps terminé sa scolarité mais avait été appelé en urgence pour cette
crise familiale s’était mérité un coup de poing de la part du plus jeune. Après tout, il n’était qu’un sauvage qui ne savait pas se tenir, ce fut du moins l’excuse qu’Erik évoqua pour justifier son acte.
La brillante solution trouvée pour faire oublier le petit délinquant de la famille fut de le marier vite fait bien fait à une demoiselle de la petite noblesse qui gagnerait suffisamment en statut grâce à ces épousailles avec les Aleïev pour qu’ils ferment les yeux sur les transgressions d’Erik. Sur le coup, le principal concerné par ce mariage ramassa ses affaires et fugua… seulement pour être ramené de force à la demeure familiale deux jours après. Emprisonné magiquement dans sa chambre, le seul moyen de sortir de cette prison fut d’accepter ce mariage de convenances et de promettre de bien se tenir. Erik est encore à ce jour convaincu que son paternel n’aurait pas hésité à utiliser le sortilège de l’Imperium sur lui s’il avait continué à lui tenir tête.
En vrai, la mariée était très jolie; un sourire qui dévoilait des dents blanches comme des perles, des cheveux blonds et bouclés comme ceux d’une poupée, petite et délicate, gracieuse de sa personne et en paroles. La jeune fille parfaite de bonne famille, petite bourgeoise qui tentait de se frayer un chemin dans la cour des grands et qui connaissait l’étiquette sur le bout des doigts. So boring. Après une minute de conversation lors du banquet de noces, Erik avait déjà envie de prendre la fuite. Entre ça et parler à un paillasson, il préférait clairement le paillasson qui avait davantage de personnalité que sa jolie épouse. Il se souvient vaguement avoir supplié son père puis sa mère de faire annuler ce mariage, sans réussir à les convaincre. Tout juste avant qu’il ne jette son dévolu sur le vin servi ce soir-là.
La vie ne tarda pas à devenir un réel enfer pour lui. Un enfer de bien nanti certains diront, mais lorsque l’on ne se sent pas soi-même, lorsqu’on se sent prisonnier d’une situation qui nous étouffe et nous angoisse, même une cage dorée devient la pire des tortures. Aucune attirance envers son épouse, du moins pas sans être complètement ivre, et il était évident qu’elle était plus que déçue du rendu final une fois au lit. Avoir des enfants semblait être le seul et unique but de cette femme, au point qu’Erik aurait pu jurer qu’elle n’avait que ce mot à la bouche. Les querelles sur le sujet se firent quotidiennes. Ils n’étaient encore que des gamins tous les deux, à peine dix-sept ans, aucune expérience de la vie en dehors du cadre bien rigide de leurs éducations respectives, aucune définition de leurs goûts, de ce dont ils avaient envie. Deux victimes des machinations de leurs parents mais au lieu de voir cette similitude comme un prétexte pour devenir amis, l’hostilité ne fit que grandir. Il était évident que la belle-famille d’Erik insistait auprès de sa jeune épouse pour une descendance; un héritier qui porterait le nom des Aleïev et qui pourrait prétendre à la fortune de la famille puisque le mariage du fils aîné était pour l’instant stérile. C’était loin d’être le genre de vie dont Erik avait rêvé et aspirait, et un bon jour il ramassa simplement quelques affaires et quitta la jolie demeure de campagne sans un mot ni même un « au revoir. »
Rien n’avait été facile suite à cela, ça serait mentir d’affirmer que tout s’était déroulé comme un charme, mais Erik a savouré chaque seconde de sa liberté sans jamais éprouver le moindre regret. Il reprit contact avec ses anciens camarades, l’un d’entre eux le pris sous son toit sans hésiter et ils commencèrent à traîner ensemble pour des petits boulots. Jamais rien de très glorieux ou recommandable mais assez pour gagner une pitance acceptable, et à mesure qu’ils prenaient de l’expérience et se créaient une petite réputation, les contrats devenaient plus intéressants et payants. Sans se diriger consciemment en cette direction, ils se spécialisèrent dans le transport d’objets précieux, puis la récupération de ces objets, puis de les retracer en rassemblant diverses données. Autant un travail de terrain que dans de vieilles archives. Des chasseurs de trésor qu’ils s’appelaient, mais on commença par les reconnaître comme des Briseurs de sorts, car c’était en vrai ce qu’ils étaient, ayant appris sur le tas mais suffisamment doués pour avoir leur petite renommée.
Évidemment avec son nom qui se mit à circuler, son père et son frère ne tardèrent pas à venir cogner à la porte, sommant le jeune sorcier d’abandonner cette vie crasseuse et indigne d’un Aleïev et de retourner auprès de son épouse. Aucune menace de le renier et le déshériter n’y fit: Erik adressa un refus catégorique et demanda à ce que son nom soit rayé de l’arbre généalogique question de ne plus jamais avoir affaire à eux. La conversation se termina alors qu’il poussait ses visiteurs à la porte. Les menaces furent misent à exécution et Erik devint l’indésirable numéro un du clan Aleïev.
Ça fait maintenant vingt-cinq ans qu’Erik savoure cette vie d’homme libre et adore son métier de Briseur de sorts (même s’il va souvent préférer dire chasseur de trésors). Il voyage partout dans le monde, souvent davantage pour le plaisir de l’adrénaline que pour le paiement qui va avec ses contrats. Il lui est parfois arrivé de refuser d’être payé lorsqu’il jugeait que la personne qui l’employait aurait davantage besoin de ces gallions que lui. Tant qu’il a de quoi subvenir à ses besoins de base, il juge qu’il n’a pas grand-chose à faire d’une fortune. Au moins une fois l’an sa femme se rappelle à son bon souvenir, tente de le ramener à la maison via une lettre ou elle se déplace elle-même s’il est en Russie. À chaque fois ça se termine mal et il se promet de faire les procédures de divorce… et oublie tout ça le lendemain. Il n’est plus le gamin sans expérience et sans maturité qui tentait de rentrer dans le moule et essayait de faire plaisir à ses parents. En dehors d’un contrat signé en bonne et due forme, il fuit les responsabilités et s’enracine rarement au même endroit. Du côté de la vie sentimentale, ça s’apparente au néant; parfois quelques aventures si une personne lui plaît particulièrement, mais comme il ne reste jamais en place longtemps il n’a pas le temps de s’attacher à quiconque et n’en souffre pas non plus.
Il est présentement au Royaume-Uni, sur un double contrat: engagé par un groupe un peu obscur de sorciers qui envisagent dévaliser Gringotts… il est également engagé en cachette par Gringotts pour faire dérailler toute tentative de vol à leur égard. Il va s’en donner à cœur joie pour sûr!