You look like shit. - ft. Adriel

La zone habitable attribuée à Adriel était une aire ouverte, ce qu’il préférait d’ailleurs pour avoir moins l’impression d’étouffer et être prisonnier des murs de pierre. Il n’y avait que la salle de bain qui était isolée du reste question d’avoir un minimum d’intimité. Un salon accueillait d’abord les gens avec un canapé confortable et deux hamacs suspendus au plafond servant de fauteuils, une bibliothèque avec quelques livres traitant majoritairement de Quidditch et plusieurs photos d’amis et de la famille, un piano adossé contre l’un des murs, quelques guitares acoustiques déposées sur leurs pieds, deux autres électriques accrochées aux murs, ne pouvant être utilisées vu que Poudlard, la magie et l’électricité ne faisaient pas bon ménage. Un filet de cordages venait séparer un coin bureau, et un peu plus loin le lit occupé en ce moment même par Adriel. Loin d’être conventionnel ce lit, mais fallait-il être surpris quand on connaissait le jeune homme? De forme ronde, suspendu dans les airs par le plafond, bordé d’oreillers et coussins, l’ensemble ressemblait à un lit douillet, un nid peut-être même, un nid pour une créature pouvant devenir une harpie, sans doute. Et c’était bien le problème d’Adriel depuis quelques jours; la forme que sa colère avait faillit lui faire assumer, dangereuse pour un simple hybride comme lui, probablement un point de non-retour pour son humanité qui aurait été écrasée. Il s’était traîné tant bien que mal jusqu’à ses appartements après le départ précipité de Levi, Levi qui fuyait encore une fois, qui s’éloignait de lui à tout prix comme s’il était pestiféré. Le demi-vélane ne se rappelait plus avec précision comment il avait demandé de l’aide, mais les feuilles de papiers et stylos sur le sol du côté de son bureau avaient sans aucun doute la réponse, de même que sa baguette qui gisait encore par terre.

Il avait ensuite sombré dans un sommeil difficile, douloureux, se réveillant par à-coups, buvant docilement les potions relaxantes qu’on lui administrait, assez conscient pour refuser d’être transféré à Sainte-Mangouste. Qu’auraient-ils pu faire de plus de toute manière? Absolument rien, sinon attirer regards et rumeurs supplémentaires vers lui. Il avait eu vaguement l’impression que le Directeur était passé pour prendre connaissance de son état. Il avait besoin de repos, beaucoup de repos.

L’impression diffuse d’une présence près de lui l’amena lentement à entrouvrir les yeux. Il espérait Levi, mais logiquement ce devait être l’infirmière venue lui administrer un autre sédatif. La confusion la plus complète accueillit la vision de Malachai Hopkins à son chevet. La tête dans le coton, Adriel se frotta les yeux pendant que son amant occasionnel lui disait quelque chose qu’il ne comprit qu’à moitié. Il se leva, bougeant trop vite pour les sens embrumés du demi-vélane qui eut l’impression de n’avoir que cligné des yeux pour que l’Auror soit de retour sur sa chaise.

- Tu bosses pour le Contrôle des créatures magiques maintenant?

Adriel s’était redressé tout aussi doucement que lentement, avec cette impression tenace que ses gestes étaient décalés. Maintenant assis, dos voûté, penché sur lui-même, ses traits tirés et son aspect général épuisé se faisaient plus saisissants. Il leva une main aux jointures écorchées et rougies pour chasser ses cheveux de son visage puis regarda à nouveau Malachai à son chevet, un sourcil haussé et ses yeux descendirent sur l’assortiment de potions qu’il tenait.

- T’as du poison mort subite? Ou bien une potion d’oubli qui peut effacer complètement l’existence d’une personne?

À gestes lents, Adriel repoussa les draps qui le recouvraient pour poser ses pieds sur le sol et faire davantage face à Malachai dont il ne comprenait pas tout à fait les raisons de la présence ici. Constat de son côté: il portait au moins une paire de boxers noirs, son regard ne tardant pas à voir le reste de ses vêtements pliés et posés sur la commode plus loin. Probablement que l’infirmière l’avait couché; il devrait penser à la remercier lorsqu’il irait mieux. Pour le moment, la question de Malachai était plus immédiate.

- Qu’est-ce que tu fous ici sérieusement? J’suis pas en état de recevoir des gens. Tu viens m’arrêter parce que je suis un danger pour les professeurs et les élèves?

Si c’était ça, au moins le coup serait plus facile à encaisser simplement parce que c’était un visage connu qui serait l’intermédiaire. Avec le temps, Malachai était devenu un ami, une personne qu’Adriel ne regrettait pas de connaître, et sous les airs froids et distants de l’Auror, il se cachait une personne tout à fait agréable et charmante. C’était de Mal qu’il devrait être amoureux, les choses seraient tellement plus simples.

Codage par Magma.

Un bien pâle sourire avait fugacement apparu sur les lèvres d’Adriel lorsque Malachai lui avait soulevé le menton pour lui reconfirmer à quel point il avait l’air d’une épave. Il se sentait misérable en effet, tout son corps lui faisait mal, jusqu’à la moelle de ses os, dans la moindre de ses cellules. Si ce n’était que ça, le blond se dirait que tout mal finissait par passer, se serait roulé dans sa couette et aurait attendu de se sentir mieux mais son apparence dévastée et ses sens engourdis n’étaient que la pointe de l’iceberg.

Il avait abandonné.
C’était aussi simple que cela.

D’un œil morne il regarda Malachai lui attraper une main, regardant la peau qui s’était étirée sous la métamorphose trop brusque et s’était déchirée par endroit. Comme si sa main ne faisait pas vraiment partie de lui mais appartenait plutôt à un autre. Il se sentait comme un gamin qui se faisait gronder par sa mère après avoir fait une bêtise et s’être éraflé les genoux. Il se sentait mal que son ami et amant soit venu jusqu’ici pour prendre soin de lui, et en dépit de la gentillesse du geste, les seules pensées qui tournaient en boucle dans la tête d’Adriel étaient qu’il aurait voulu que ce soit Levi qui soit à son chevet. Il en avait mal au cœur tellement il se sentait pathétique, ridicule, idiot d’espérer encore et toujours un homme qui ne voulait pas de lui, ou du moins pas de la manière que le blond le souhaitait. Ce qu’il ressentait pour Levi n’était pas réciproque. Il n’était qu’une pulsion sexuelle, une pulsion qu’il rejetait en prime.

- Te fatigue pas. Tu vas trouver les raisons ridicules. Si tu veux être utile tu peux m’aider à paqueter mes affaires et trouver un moyen de rentrer chez mes parents à New-York.

Retourner là où il était accepté, où il était le bienvenu. Il pourrait se réfugier entre les bras maternels et laisser aller ses larmes sans craintes, exprimer sa rage et sa frustration face à une personne qui saurait le contrôler. Sa mère le comprendrait sans avoir besoin de mots; ils avaient toujours été si proches. Son père lui donnerait cette tape dans le dos qui signifiait qu’il avait tout son appui. Il pourrait rester enfermé chez lui ensuite et se faire oublier du reste du monde. Tenter d’oublier qu’il y avait un monde en dehors des murs de la maison familiale. Essayer de cicatriser ce cœur qui faisait si mal, apaiser ses pensées qui étaient sombres et chaotiques. Tenter de retrouver celui qu’il était avant qu’il soit frappé de cette malédiction lorsqu’il avait posé son regard sur Levi de Griveau. Adriel soupira et regarda la peau de ses jointures se régénérer lentement; il n’aurait aucune trace de cette mésaventure une fois que la pommade aurait fait effet. Si seulement il existait la même chose pour l’esprit. Il leva un regard terne vers Malachai.

- T’es habile dans le sort d’Oubliettes ou tu fais que frimer? Tu peux faire en sorte que j’oublie complètement une personne? Tu peux aussi faire en sorte que si je le croise à nouveau je puisse être totalement indifférent à lui?

Il connaissait déjà la réponse, ce qui était possible et ce qui ne l’était pas et il savait aussi que Malachai refuserait qu’il s’autorise une telle lâcheté, mais Adriel en était au stade d’implorer en ce moment. Tout pour ne plus ressentir ce mal-être, ce déchirement au cœur, ce profond sentiment d’abandon.

Codage par Magma.

Adriel avait laissé Malachai parler, lui exposer les évidences, lui dire à voix haute ce qu’il savait déjà, lui affirmer ce qu’il refusait de faire, lui mentionner à quel point l’amour était une chose horrible et repoussante. Les épaules du demi-vélane s’affaissèrent encore plus si c’était possible, et il appuya ses coudes sur ses genoux, posa sa tête entre ses mains, le regard posé vaguement sur le plancher. Il avait l’impression d’être un oiseau prisonnier d’une mare de goudron, épais, visqueux, qui le retenait dans sa noirceur au sol, l’empêchait de retrouver le ciel qu’il aimait tant. Il s’était senti comme ça après son accident, mais avait retrouvé son esprit combattif car sa rémission n’avait dépendu que de lui et des efforts qu’il investissait dans sa réhabilitation. Jamais il ne pourrait changer la vision des autres de sa personne, ni faire changer les mentalités des Sang-Purs de ce monde. De même, il ne ferait que se ridiculiser à poursuivre un homme qui ne voulait pas de lui, se faire du mal et se broyer le cœur d’un rejet à l’autre. Il se sentait si fatigué.

- Je peux pas rester à Poudlard. Les Sang-Purs veulent pas qu’un demi-monstre comme moi enseigne à leurs enfants. Me cacher derrière le Directeur changera rien et la moindre faute, le moindre travers me sera reproché. Je suis fatigué de devoir me battre pour montrer que j’ai ma place avec les autres sorciers et ça, il se redressa légèrement et montra à son ami en face de lui le dos d’une de ses mains écorchées, c’est une preuve qu’ils ont raison. J’avais oublié à quel point les sorciers d’ici étaient étroits d’esprits et centrés sur leurs supposées familles pures. Quant au reste…

Adriel ramena ses jambes contre lui sur le rebord du lit qui se balança doucement sous l’impulsion du mouvement. Cette sensation d’être bercé l’apaisait, l’impression de pouvoir se réfugier dans ce cocon ou plutôt ce nid qui le protégeait des autres était une nécessité pour lui. Il regarda Malachai, le regard triste et terne, sourit faiblement.

- L’alcool c’est pas une bonne idée pour moi en ce moment. Baiser tu vas me casser et t’auras sans doute jamais eu un partenaire aussi inerte que moi. J’ai pas non plus envie que tu me juges et que tu me dises à quel point c’est idiot d’être amoureux de quelqu’un: j’ai pas choisi ça, et je te promets que j’ai tout essayé pour me sortir ce type de la tête depuis des années. Tu crois que c’est normal de coucher avec pratiquement tout ce qui se montre intéressé comme je le fais? D’avoir des relations qui tiennent pas plus de deux mois? T’en a eu beaucoup dans ton pieu des mecs qui te demandent de les baiser le plus brutalement possible juste pour arrêter que la tête réfléchisse l’espace d’un moment? Je suis ridicule, pathétique, risible.

Un soupir qui lui fut quasiment difficile à laisser aller, en même temps qu’il prenait conscience qu’il devait arrêter les frais et faire définitivement une croix sur Levi… en même temps que son cœur se serrait à cette seule idée.

- Il veut pas de moi. Je suis… un problème à ses yeux à cause de mon sang vélane qui attire l’attention. Il fait tout pour me tenir à distance depuis le début de l’année, il a été jusqu’à me vouvoyer alors qu’il tutoie nos autres collègues. Toi, tu m’as envoyé un mot après mon accident, t’es même venu me voir quand t'étais au pays et lui: pas un signe de vie, pas un mot. Tous mes anciens professeurs ont eu une pensée pour moi quand ils ont appris, sauf lui. Faut que j’en vienne à l’évidence que c’est que mon cul qui l’intéresse et rien d’autre. Je fais qu’empirer mon cas en rampant devant lui, pourtant je ferais tout pour avoir une minuscule place dans son cœur.

Adriel cligna des yeux pour tenter d’en chasser les larmes qui embrouillaient sa vue, tentant de maîtriser la tristesse qui le prenait à la gorge et pesait si lourd dans sa poitrine.

- Je vois pas comment je pourrais rester ici, alors qu’il habite dans la pièce d’à côté et que je vais le croiser chaque jour. Mieux vaut que je démissionne et rentre chez moi.

Codage par Magma.

Comme toujours, Malachai avait raison. Il lui disait les choses qui étaient véridiques et logiques, les faits indiscutables. C’était là la différence fondamentale entre eux. Adriel vivait en gérant une gamme complète d’émotions, toujours attentif à ce qu’il ressentait et ayant appris à les accepter pour ne pas se laisser submerger par elles. Malachai vivait avec la raison et la logique, il devait probablement étudier ses émotions comme un scientifique regardait des bactéries avec son microscope. S’ils étaient semblables à vue d’œil, à ne pas se laisser perturber par le quotidien et à saisir les occasions qui se présentaient, ils répondaient très différemment face à l’hostilité des autres. Adriel charmait son chemin, Malachai s’imposait avec sa froide rhétorique. Dans une même situation qui s’attaquait aux fondements de leurs personnes, les deux seraient probablement blessés tout aussi profondément mais c’était là que la sensibilité d’Adriel affichait sa plus grande lacune et le faisait s’enliser, alors que Malachai se reposait sur sa logique pour continuer d’avancer.

Les mains de son amant sur ses épaules et son regard plongé dans le sien, Adriel eut un un premier vrai mais bref sourire amusé, a little chuckle and a brief flash of light in his sad eyes.

- T’as une potion de vitalité ou je sais pas quoi dans ta pochette aux merveilles? Tu sais que techniquement je suis encore en rémission de mon accident et j’ai pas encore suffisamment récupéré pour avoir un rythme de vie comme je l’ai en ce moment. Ça aide pas.

La fatigue du quotidien le rongeait, et comme Adriel ne faisait jamais dans la demi-mesure il se donnait évidemment à fond à chacun de ses cours, alors qu’il aurait plutôt été un candidat à une demi-charge. Il n’en avait parlé à personne évidemment, préférant ne pas attirer l’attention sur sa situation, ne voulant pas perdre l’opportunité d’emploi qui s’était offerte à lui et sans doute qu’un peu trop d’optimisme avait fini d’enfoncer le clou de son état plus fragile actuel. Il baissa les yeux pour observer le dos de sa main dont la peau était déjà quasi complètement guérie grâce à la pommade appliquée par Malachai. Si seulement il existait la même chose pour le mal-être qui l’habitait… il soupira et leva cette même main pour effleurer légèrement la joue du brun.

- C’est de toi que je devrais être amoureux, ça serait plus simple. Ou pas, on se rendrait dingues après deux journées trop ensemble : j’aime les couvertures en bataille, je laisse traîner mes chaussettes et t’es un maniaque de l’ordre. Sans compter que je crèverais d’angoisse à chaque fois que tu partirais en mission. Un court silence pendant lequel Adriel baissa la main et soupira, puis secoua la tête. J’ai jamais eu honte d’être qui je suis et j’ai jamais caché mon héritage. J’avais oublié la mentalité anglaise. J’avais oublié à quel point Poudlard est un vase clos et un nid à serpents. Je pensais que ces conneries étaient derrière moi, et je pensais encore moins le croiser ici. Je voulais me construire une nouvelle vie, une nouvelle carrière, essayer de l’oublier, mais on me tire sans cesse vers l’arrière.

Peut-être que s’évader de l’enceinte de Poudlard lui ferait en effet du bien, lui permettrait de se reposer davantage et de faire une coupure nette dans ses journées. Il pourrait accepter l’offre de Malachai quelques semaines le temps de voir si c’était une solution viable puis chercher son propre endroit. Quant à Levi…

- Tu serais partant pour m’aider à une petite vengeance? Rien de bien méchant mais juste… je sais pas, lui montrer que je suis passé à autre chose, ou le rendre jaloux s’il est capable de ressentir ce genre de choses. Faire semblant qu’on est ensemble. Ça va peut-être aussi réellement m’aider à passer à autre chose.

Plan foireux? Tout à fait! C’était totalement puéril et Adriel le savait aussi, mais il ressentait le besoin de tenter une dernière fois de faire réagir Levi. Voir si de le savoir inaccessible à force de le repousser lui ferait comprendre qu’il allait le perdre définitivement. Cela dit, le blond n’avait pas de sentiments envers Malachai, rien qui ne dépassait l’amitié et la tendresse envers un amant apprécié, mais ça ne serait jamais ce qu’il ressentait pour Levi. Il n’aurait pas non plus proposé cette idée à la con s’il avait craint que l’Auror s’attache à lui; ils s’entendaient bien, mais ils savaient tous les deux qu’un couple ne tiendrait pas la route.

Codage par Magma.

Bon au moins, Mal ne lui avait pas foutu une claque pour sa proposition à la con. L’Auror aurait bien fini de le casser en deux si ça avait été le cas. Entendre son rire et voir sa mine amusée incita Adriel a sourire un peu plus; il avait apprécié Malachai depuis leur première rencontre et à ce jour il était heureux de le compter parmi ses amis. C’était une personne sur qui on pouvait compter en cas de problème, que ce soit pour aider à se sortir du pétrin ou pour assener cette claque bien méritée derrière la tête. Alors oui, c’était à lui qu’il demandait une telle chose, parce que le demi-vélane savait très bien que Mal jouerait le jeu (sûrement avec un plaisir un brin sadique si confronté à Levi) et que justement il n’irait pas prendre cette comédie pour la réalité.

- T’as qu’à voir ça comme une pratique pour ton job, si un jour tu dois faire semblant d’être en couple avec une collègue ou faire croire à ton ennemi que tu en pinces pour lui ou elle.

Adriel devait également avouer que voir Malachai en dehors de son élément de la sorte saurait lui amener un sourire automatiquement dès qu’il le verrait. Elles étaient rares, les occasions de se payer un tout petit peu la tête de son cher ami, et le côté plutôt innocent et immature de l’affaire ne risquait pas de causer de torts à l’Auror, du moins Adriel ne voyait aucun réel mal dans cette histoire sinon ce plan foireux pour tenter de soutirer une réaction à Levi qui ne cessait de le repousser et le rejeter. C’était comme… une dernière et ultime ligne lancée à l’eau. Quant au pourquoi du comment… Le blond réfléchissait à comment s’afficher sans trop en faire, éviter que ça ait l’air faux et aussi en respectant leurs personnalités mutuelles. Il ne voyait clairement pas Mal dans le rôle de l’amoureux transi qui tenait son compagnon par la main!

- Là sur le coup je sais pas, c’est pas comme si j’avais planifié cette idée 3 mois d’avance. Je ne te demande pas de faire des trucs ridicules ou qui ne cadrent pas du tout avec toi: tu restes une personne discrète de nature et agir autrement serait juste bizarre. Je dirais… fais comme si tu venais me chercher de temps en temps, a few kisses in the doorway, et ensuite soit on passe réellement la nuit ensemble comme on fait déjà ou je dégage ailleurs et te laisse tranquille. Hummm sinon… on va préparer quelques lettres bidon et tu m’en enverras une de temps en temps avec ton hibou par le courrier du matin, on écrira des trucs drôles ou obscènes pour que ça me fasse sourire comme un idiot. Rien qui ne devrait mettre ta carrière en péril, et tu continues à baiser qui tu veux sans problèmes… sauf Levi. Je crois que je te le pardonnerais pas.

Jalousie? Adriel devait s’avouer que oui. Rien qu’à s’imaginer que Levi lui fasse le même cinéma que ce qu’il était en train de planifier avec Malachai lui ferait voir rouge.

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La blague que glissa Malachai se mérita aussitôt un regard noir de la part du demi-vélane. Il y aurait un pont qui brûlerait si son ami et amant osait poser délibérément tel acte, surtout après qu’il lui ait clairement signifié qu’aucun pardon serait possible. Adriel tenait beaucoup à ses amis, et il pouvait laisser passer beaucoup de choses au nom de l’amitié et de l’affection qu’il ressentait pour eux, mais certaines limites ne devaient pas être franchies. Il n’y en avait pas beaucoup, mais à la simple idée de voir Levi avec un autre, et surtout avec un autre en qui il avait confiance…

Le blond ramena ses genoux contre lui et entoura ses jambes de ses bras, pris d’un frisson et d’un énorme doute. Si demain matin il apercevait l’objet de son amour en embrasser un autre, comment réagirait-il? En ce moment, la réponse était claire: il baisserait les bras et s’en irait sans même ramasser ses affaires. Il prendrait le premier avion moldu pour les États-Unis et ne remettrait jamais les pieds en Angleterre. Il serait complètement détruit. Et si Levi réagissait comme ça? Mais Levi ne l’aimait pas. Du moins pas comme Adriel l’aimait. Pas au point de se sentir incomplet sans lui. Levi avait mené sa petite vie tranquille après leur aventure d’un soir, alors que pour sa part il avait tout tenté pour combler le vide qu’il ressentait dans son cœur, en vain. Il n’y avait donc pas de possibilité que Levi réagisse de la sorte et s’en aille. Mais quand même, est-ce que c’était très honnête de monter toute cette comédie? Adriel cessa de froncer les sourcils et soupira. Il devait faire ça pour lui-même également. Sortir de Poudlard, passer quelques jours chez Malachai, une personne qui l’avait toujours bien traité et qu’il appréciait beaucoup. Il pourrait se chercher un appartement et s’y installer, changer de milieu de vie pour s’éloigner de l’ambiance devenue difficile pour lui à Poudlard avec ces rumeurs de pétition contre lui et ses origines, et également remettre une distance avec Levi. Essayer d’apprendre à vivre autrement. Et puis, il avait retrouvé Black et Malefoy, sa famille Vélane n’était jamais bien loin ainsi que ses grands-parents Moldus. Il se devait au moins d’essayer de reconstruire cette vie qu’il avait envisagée en revenant au Royaume-Uni.

Revenant à son sauveteur du moment, Adriel had a soft smile, a faint chuckle then shaked his head.

- T’es la dernière personne que j’imagine capable d’écrire des lettres grivoises. T’as aussi pas du tout l’air dans une grande mission très sérieuse et très risquée d’Auror en ce moment. Le jour où tu arrêteras de m’étonner Mal, il pleuvra sûrement des chocogrenouilles. Un nouveau mince sourire, et Adriel fit un signe de la tête vers la salle de bain. Laisse-moi prendre une douche question de ressembler un peu à quelque chose de quasi humain. Si ton offre de squatter ton appart un moment tient toujours, je crois que je la prendrais, mais honnêtement, si tu me prends la main ou fait l’amoureux transi, c’est assuré que je vais me mettre à rire jusqu’à demain matin. Je pense que ce sont les détails et les subtilités qui rendent un mensonge crédible, pas les trucs trop gros.

M’enfin pour ce qu’il en savait? Adriel n’était pas un très bon menteur. D’accord, braver les interdits et raconter des bobards aux professeurs lorsqu’il était adolescent était une chose, quelque chose sans grandes conséquences. Il avait toujours eu l’impression que les meilleurs mensonges étaient ceux qui se rapprochaient le plus de la vérité et qui n’y faisaient que de petites mais précises encoches. En même temps il ignorait tout des talents d’acteur de Malachai, alors peut-être serait-il de nouveau surpris, trop surpris pour avoir cette réaction hilare qu’il prédisait? Le demi-vélane haussa les épaules et posa de nouveau ses pied par terre, ses mains sur le rebord de son lit… avant de relever le regard vers son amant.

- En fait… je vais aussi prendre l’option: aux petits soins… parce que pour le moment je ne pense pas être capable de me rendre jusqu’à la douche sans ramper au sol ou me retenir à quelqu’un.

Il détestait se sentir aussi faible qu’un chaton, mais il devait se rendre à l’évidence qu’il avait besoin d’encore quelque jours de repos.

Codage par Magma.